IMPERIAL Les belles Elégantes par Frédéric Mardon ...
3 / 1959

Publié le 05.02.2013

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Afin de redonner un peu d’élan, les modèles seront un peu plus revus pour l’année suivante. Pour 1959, si certaines mises à jour sont discutables, d’autres furent les bienvenues. Au chapitre des changements malvenus, on retrouve l’avant des Imperial qui reçoit une calandre plus massive à dents avec des phares désormais alignés sur elle (et les espaces créés par la descente des phares remplis par plus de chromes) et des flancs chromés sur le bas des ailles arrière.

A l’intérieur, la disparition des cadrans ronds cerclés de chrome à la faveur d’un compteur et de jauges linéaires dénote un certain manque d’inspiration. Enfin, les LeBaron reçoivent des doubles demi-lunes arrière pas forcément du meilleur goût (et pour un coût non négligeable, car ces “rings” étaient tous différents à cause de la forme de la tôle à cet endroit).

Au chapitre des améliorations esthétiques et d’équipements, l’Imperial 1959 reçoit un pare-chocs arrière en forme d’ellipse, d’une pureté stylistique à se demander pourquoi il n’avait pas été lancé sur les modèles 1957. A l’intérieur, le client peut commander des sièges avant pivotants, fort pratiques pour s’extraire de la voiture avec moins de peine, ou encore le Mirrormatic (rétroviseur jour/nuit automatique). La sellerie est toujours aussi richement décorée, avec des options tout cuir de toute beauté. Par exemple, les LeBaron étaient proposées en 23 combinaisons d’intérieur (laines, soies, cuirs), avec même des inserts imitation bois sur les panneaux de portes, pour un intérieur plus cosy.

Des trois années, 1959 est celle qui offre le plus d'options de style et de confort.

A l'extérieur, on retrouve sur les hardtops Souhampton 5 propositions de toit : le toit peint classiquement, le toit peint en deux tons, le toit avec la partie Landau dans une texture noire granuleuse imitant le vinyle ( Landau Roof ).

Le toit avec la section avant recouverte d'une feuille d'acier inoxydable brossé (Silvercrest Roof) et le toit combinant l'imitation vinyle et l'inox ( Silvercrest Landau Roof ).

 

 

Une autre avancée majeure pour 1959, mais invisible pour les clients, était le transfert de la production des Imperial dans une usine dédiée, à l’été 1958 (mais ça, on en parlera plus en détail dans un prochain numéro).
 

 

Les trois images ci-dessus en noir et blanc montre la pose d'un Silvercrest roof, avec les différentes étapes, de la colle à la feuille inox, en passant par la ''sous couche''. Dernière étape, le décollage de la feuille protectrice.

A l’extérieur, pour les clients cherchant un peu de kitsch (ou de classe), le toit des Southampton pouvait être traité en “Silvercrest Landau Roof” : la section “landau” recevait un traitement noir imitant le grain d’un vinyle, et la section avant (plate) recevait une décoration intégrale en acier inoxydable brossé. Très joli à l’oeil, mais attention à la grêle ! Ces deux éléments (la section en inox et la partie landau en noir) pouvaient être commandés séparément, et s’appelaient respectivement Silvercrest Roof et Landau Roof.

 

Sous les capots des Mopar 1959, on ne retrouve plus aucun Hemi, définitivement mis au placard, car trop cher à produire.

On retrouve donc un gros V8 de 413ci de cylindrée, dit “Wedge”, les chambres de combustion étant en “coin” (et non plus hémisphériques). Réglé à 350 chevaux, il est plus compact, et, grande amélioration, a l’allumeur désormais devant lui, et non plus au fond coincé entre le moteur et la cloison pare-feu.

Malgré tous ces efforts, la production plafonne à 17.269 exemplaires. A la décharge de Chrysler, la corporation dut affronter une grève de 116 jours chez les producteurs d’acier, ainsi qu’une autre grève de 134 jours chez le fournisseur de vitres (Pittsburgh Plate Glass).

Enfin, 1959 vit la riposte de Cadillac avec des ailerons qui cette fois-ci ridiculisaient ceux des Imperial de par leur hauteur (même si certains diront que l’esthétique de ceux des Cadillac laissent à désirer …).

 

Mais alors, pourquoi le déclin de la marque, amorcé à l’époque la plus flamboyante du style Exner, ne put jamais être contré ? Imperial avait pour elle sa qualité de fabrication (somme toute en ligne avec les standards de l’époque, malgré le boom de la production pour 1957), son style en avance sur son temps mais sans extravagances, des mécaniques performantes … En fait, le plus probable vient du concurrent lui-même : Cadillac, bien établi, était la marque repère.

Et pourquoi alors payer autant pour une Imperial, alors qu’on pouvait s’offrir une Cadillac, symbole ultime de la réussite sociale ? Jim Nance (Packard) s’était cassé les dents quelques années auparavant (et la marque venait d’encore plus haut), et Lincoln ne fit non plus jamais d’ombre à Cadillac. Il en sera de même avec Imperial : son existence sera en toute discrétion, sans même attirer l’attention de Cadillac, la marque vivotant jusqu’à sa disparition fin 1975 …

Nouveauté pour 1959, les sièges avant pivotants permettant un accès facilité.

Le client peut désormais aussi choisir les jantes 15'' pouces, les codes phares automatique, le rétroviseur jour nuit automatique.

La suspension arrière pneumatique, mais aussi comme auparavant le régulateur de vitesse ou la climatisation double unité.

 

 

IMPERIAL by Ghia Crown Imperial,

Ghia, carrossier Italien, collaborait avec Chrysler pour une série de travaux concernant la fabrication de modèles spéciaux, que ce soit des show-cars ou des toutes petites séries. Pour la limousine 1957, Chrysler fera appel à ce carrossier pour lui confier la fabrication de ces modèles rallongées, estimant que cela lui reviendrait moins cher que de fabriquer sur le sol américain.

Chrysler envoyait des coupés hard-tops à moitié finis et incomplets (sans vitres, ni portes), et Ghia se chargeait ensuite de la transformation : rallonge du châssis (de 20pouces !), rajout des portes arrière, et équipement complet de l'intérieur. 

Le coupé expédié avait un châssis de cabriolet (en X) pour plus de rigidité), et quelques pièces annexes : des portes de berlines, les montants centraux de berlines, tous les câblages spéciaux, les unités d'air conditionné, bref, tout ce qu'il fallait pour que Ghia n'ait qu'à ''monter'' l'ensemble, le plus gros du travail étant la modification des portes, la rallonge du châssis et des planchers, et surtout, la fabrication du toit. 

 

Chrysler envoyait un coupé car c'était la carrosserie qui demandait le moins de retouche sur les ailerons – on peut résumer la limousine comme une berline 4 portes coupée juste derrière la porte arrière, à laquelle on aurait rajouté tout l'arrière d'un coupé depuis le début des ailerons. Ghia monta 36 limousines pour 1957, 31 pour 1958 et à peine 7 pour pour 1959. Il y eut une limousine cabriolet. Il faut dire que le prix de plus de 15.000$ devait en refroidir plus d'un ! Elle était plus chère qu'une Eldorado Brougham 1957-58.

Enfin, ces Ghia arborent une ornementation particulière, avec plein de petits éléments chromés qui leur sont spécifiques. Ce ne serait pas drôle pour le collectionneur qui restaure la sienne si tout était disponible sur n'importe quelle épave de LeBarron ou de Crown ...

Les années 1957-1959 représentent donc pour Imperial un âge d’or où des ingénieurs de toutes sortes motivés, un bureau de style doué et enthousiaste, tous ensemble, purent un temps créer un produit capable de challenger le leader suprême Cadillac. Tout cela fait que les Imperial 1957-1959 sont bien effectivement l’expression la plus raffinée du Forward Look (“Finest Expression of the Forward Look”). 

 

Ci-dessus à droite, une publicité de 1959 vantant la nouvelle usine dédiée aux Imperial. Le modèle présenté possède des roues de 14 pouces (reconnaissables par l'abscence de trous de ventilation sur le pourtour des enjoliveurs. Avec une peinture noire brillante, des chromes plus abondants, on pouvait en effet comme cet enfant voir son reflet en entier dans la carrosserie, les pare-chocs ...

On vous laisse compter les cabriolets, et l'on vous dit au prochain chapitre pour les modèles 1960 !

Article : par Frédéric Mardon paru dans le Mag d'AmeriSud,

Credit Photos : Imperial Club.

Frédéric Mardon


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